Quelles seront les conséquences de la covid-19 sur l’emploi des personnes en situation de handicap ? S’il est encore difficile de se prononcer concrètement sur la question, cette problématique inquiète tout de même sérieusement les associations ainsi que les professionnels du secteur.
En ces temps de crise sanitaire, nombreuses sont les personnes à faire de plus en plus l’amalgame entre personnes vulnérables et handicapées. Le risque est alors que le handicap devienne une cause de discrimination à l’embauche.
Comment se portait le marché de l’emploi des personnes en situation de handicap avant la crise ? Quels efforts ont été fournis avec l’arrivée de la Covid ? On fait un point avec IDDHEA.
Des chiffres encourageants en 2019
À l’heure actuelle, l’Insee estime à 35% le taux d’emploi des personnes en situation de handicap. Cela représente un total de 938 000 personnes actives sur 2,7 millions en âge d’occuper un emploi.
Lors de son bilan annuel, l’Agefiph annonçait également des chiffres encourageants pour l’année 2019 (voir notre article ci-dessous) avec un nombre de chômeurs en situation de handicap qui était descendu sous la barre symbolique des 500 000. Le taux de chômage de cette population était ainsi passé de 17% à 16% en un an, malgré des chiffres toujours deux fois plus élevés que ceux de la population générale.
Aujourd’hui, professionnels et associations expriment des craintes légitimes. Il est vrai que traditionnellement, la population des personnes en situation de handicap fait partie des premières touchées en cas de crise économique. Une situation d’autant plus préoccupante qu’à cela s’ajoute un contexte de crise sanitaire et tout un ensemble de nouveaux protocoles qui ne faciliteront certainement pas l’embauche de personne avec des particularités de santé.
C’est en tout cas l’analyse que rapporte Arnaud de Broca, président de “Collectif handicaps”. Selon lui, les licenciements pour inaptitudes seront amenés à se multiplier en dépit de l’obligation d’emploi censée éviter ces situations, les sanctions financières n’étant pas, pour le moment, suffisamment dissuasives. Jean-François Amadieu, sociologue interrogé pour l’occasion, souligne par ailleurs que le handicap reste un motif très important de discrimination dans le milieu du travail. Ainsi, les personnes en situation de handicap, les séniors, ou les personnes souffrant d’obésité, font partie des populations profitant le moins des embellies du marché du travail et sont à contrario les premières touchées lorsque la situation se dégrade selon l’observatoire des discriminations.
Des efforts soutenus et une aide de l’état pendant la crise
D’après Matthieu Annereau, président de l’Association pour la prise en compte du handicap dans les politiques publiques (APHPP), l’un des principaux problèmes liés à cette crise réside dans l’amalgame qui est fait entre personnes vulnérables et personnes en situation de handicap. Il apparaît donc essentiel de changer en premier lieu le regard qui est porté par les entreprises et la population sur les personnes porteuses d’un handicap et de mettre en avant leur savoir-faire. Pourtant, nombreuses sont les entreprises adaptées qui témoignent de la grande compétence et de la motivation de leurs collaborateurs à venir travailler durant la pandémie.
De son côté, le gouvernement a prévu de débloquer 100 millions d’euros afin d’étendre aux chômeurs en situation de handicap, sans limites d’âge, les aides prévues par l’état en vue d’aider les jeunes de moins de 26 ans (voir notre article ci-dessous). Ce dispositif vient s’ajouter à l’aide de 300 millions d’euros annoncés par le gouvernement afin de soutenir les entreprises sociales à portée inclusive telles que les entreprises adaptées et les structures d’insertion par l’activité économique (SIAE). Il est à noter que ces dernières emploient près de 200 000 salariés pour un total de 5000 entreprises. Dans cette logique, le Premier ministre Jean Castex a insisté sur la nécessité pour le gouvernement de fournir un effort spécifique à l’intention de tous ceux pouvant rencontrer des difficultés particulières en cette période troublée. Matthieu Annereau souligne quant à lui la capacité du monde du handicap à s’être montré performant durant toute la durée de cette crise sanitaire. « Le soutenir, le promouvoir est donc un impératif économique et pas seulement de solidarité“.
Voir notre article : « Emploi et handicap : une aide de 100 millions d’euros promise par le Premier ministre ».
Voir notre article : « Emploi et handicap : de bons chiffres pour 2019 ».